El Ciego - Rioja

Publié le par soazigdarnay.over-blog.com

Nous voici dans un des lieux les plus prisés de l'oenotourisme espagnol: la bodega Marques de Riscal dans le village de Elciego en apellation Rioja.

Frank Gehry a réalisé un hotel restaurant dans l'enceinte de cette bodega traditionelle après le célèbre musée moderne de Bilbao. Ce dernier a révolutionné la perception de l'ancienne ville industrielle en perte de vitesse. De même, l'hotel de Marques de Riscal a révolutionné les habitudes d'un village basque endormi. A peine plus bas que l'église, il est visible de loin et participe à toutes les perspectives d'ensemble.

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L'hotel de Luxe, le restaurant d'un chef étoilé au michelin, le spa aux produits viticoles ("les Caudalies") attirent un tourisme haut de gamme passionné de vins et/ou d'architecture. Les détails sont soignés, le jardin dénudé n'est là que pour valoriser le bâtiment. On remarquera tout de même la conception intelligente du parking, qui souligne la vue  (et cache les voitures) depuis les chambres extérieurs par un toit végétal en continuité d'un talus de 45% (plantation monovariétale de lierre). Dans la plantation sur toiture on remarquera une vigne et quelques bancs, une bordure de graminées et cognassiers du japon. Le sol importé des champs est très argileux (très lourd une fois humide, peu drainant), sans doute un souci d'authenticité, mais compliqué à gérer.

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Dans les vues panoramiques, le travail des couleurs est aussi importante que le dessin original de l'édifice. Les plaques métalliques ont des reflets très intéressants à toutes les heures du jour, une luminosité très changeante qui le rend vivant. Les essais de couleurs sont encore visibles sur une cabane dans les vignes. Ils avaient été réalisés pour tester la resistance à la lumière et leur adéquation avec les tonalités de la campagne existante. Le rose, jaune et argent sont censés reprendre les tonalités des vins... Ainsi, cet objet a priori incongru a trouvé une belle place dans les harmonies du paysage traditionnel.

http://www.marquesderiscal.com/index.php?idmenu=60&mn1=3

http://www.hotel-marquesderiscal.com/

 

DSC 1764Il est intéressant d'observer l'évolution des alentours. Dans l'enceinte des vignes de la propriété, qui s'étendent jusqu'aux rives de l'Ebre, ont été organisées des routes pour VTT. Autour d'une chapelle, des belvédères et un jardin offrent des vues sur l'hotel.

Le mobilier de la route VTT se retrouve aussi dans le jardin, l'ensemble est financé par le village Elciego. Il s'agit de bornes avec plan de situation et bornes présentant des plantes autochtones (acier corten). Le jardin comporte des cabanes en bois qui servent de belvédères, un chemin ensablé puis un ponton en bois, des bancs en bois.

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Le jardin dit méditerranéen est en fait la promenade, qui invite à l'observation d'une garrigue pauvre, avec quelques DSC 1756roches affleurantes. L'intervention se veut légère, mais en fait elle perturbe la gestion des écoulement d'eau. Le chemin en sable ne prévoit pas la récolte des eaux de pluies, sa pente assez prononcée en fera un exutoire privilégié, on peut imaginer qu'il sera nécessaire d'intervenir prochainement pour assurer son maintien. Lorsque le chemin se converti en ponton, les enpoutrements fixés au sol et une excavation partielle pose le même problème d'exutoire d'eau pluviale non réfléchie qui amènera forcément à une érosion anticipée (donc apauvrissement d'une végétation déjà pauvre à cet endroit).

DSC_1783.JPGLa garrigue ne semble pas avoir été réensemencée ni enrichie de plantes autochtones, ou encore aidée à sa récupération végétale par amélioration du sol par endroit, (par paillage ou broyat  ajout de terre locale - pas de produits type amendements qui encourageraient une flore différente) ce qui aurait pu être intéressant dès lors que l'espace revendique le titre de jardin... Par endroit, la terre nue a un aspect un peu triste, surtout quand  on y découvre quelques plastiques abandonnés. Les espaces de miradors sont imposants et très visibles.

En dehors de ces quelques critiques, la promenade est agréable, surtout le pan descendant à l'opposé du village.

De l'autre côté, les chemins entre champs de vignes sont plus informels.  Les panneaux sont propres, esthétiques. Les trajets proposés sont authentiques, sympatiques. Ce sont des vignes entretenues, ambiance 100% agricole. Du coup, les panneaux sont quelque peu incongrus ou dissonants. Le matériau (feuille de métal oxydé), le dessin recherché et noble, lui donnent un aspect citadin décalé, surtout lorsqu'il se retrouve juxtaposé à une bouche de puits en béton, ou quand il est retenu contre le talus par un bâton en bois bricolé (ajoutons une petite erreur de signalisation botanique: un panneau indiquant un cyprès d'Arizona se retrouveau pied d'un Chamaecyparis, alors que les cyprès DSC_1785.JPGsont à quelques pas...) . Et puis, en haut d'une côte, deux magnifiques amandiers offrent une ombre raffraichissante et un joli point de vue au bord du chemin. Là, pas de signalisation ni d'assise, et des poubelles abandonnées dans un fossé. Il me semble que l'argent investi dans ce mobilier certainement coûteux aurait pu être mieux réparti: un mobilier plus simple et rustique aurait été plus en accord avec les lieux et la différence de prix aurait suffit à aménager quelques bancs avec des matériaux disponibles localement: une belle pierre, des piquets de vignes recyclés, l'assise du béton d'un puits...

DSC 1790L'initiative est très intéressante et agréable en soit, mais elle illustre ici par le biais de questions esthétiques le conflit permanent entre la campagne quotidienne, vécue, outil de travail et le paysage rêvé par les citadins, espace de loisirs. le conflit se ressent moins violemment entre le village et la construction de Gehry, peut être car le village avait déjà une richesse d'architecture d'aspect noble qui lui conférait un statut en soit.

 

 

Publié dans Voyages

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